24 janv. 2008

Deuxième tente estivale de l'image et de l'expression artistique

Samedi 1er septembre 2007 Deuxième tente estivale de l'image et de l'expression artistique:
De sable et de bobines
Sur le sable blanc de l’immense plage de Hammam- Ghezaz, une «créature» est dressée : des yeux troués, une bouche en dents de scie, d’énormes oreilles en caoutchouc. Plus loin, est placé son crâne, minutieusement peint par Mahmoud Chelbi. La «créature» est née pendant les tentes estivales de Hammam-Ghezaz du 24 au 28 juillet à partir d’une vieille carcasse de voiture. «A chaque fois qu’on la regarde, on plonge dans le passé. On croit revoir, à travers ce visage boursouflé, tous les mouvements de Abdelaziz Belgaïd Hassine , le sculpteur tout en sueur en train de placer et déplacer des morceaux de fer. Tous ces gestes rapides et soignés qui n’ont cessé de nous épater tout au long de la création ne semblent pas éteints», se rappelle Marouen Meddeb. Ce jeune diplômé de l’Institut supérieur d’art dramatique, membre de la FTCC Hammam-Ghezaz et organisateur de cette manifestation, a suivi la fabrication de cette sculpture, depuis le choix de la carcasse de la voiture jusqu’à la peinture finale. Avec son appareil photo, il fige chaque instant pour mieux le mémoriser. On revoit en détail comment le sculpteur, avec l’aide des jeunes de la région, a décapoté la carcasse, l’a dressée en haut d’une dune de sable, l’a brûlée en prenant soin de tout calciner… «C’était vraiment excitant», se rappelle Meddeb. Après un mois de l’évènement, son regard est toujours pétillant de plaisir. Son large sourire est toujours esquissé sur son visage comme s’il refusait de se dissiper. Tout sur cette plage rappelle la frénésie de ces nuits cinématographiques et musicales encore flamboyantes dans le coeur des jeunes de la région. «Made in Hammam-Ghezaz» Avec l’aide financière de Aitech, de l’association Acdr et du commissariat régional à la culture de Nabeul, avec le soutien inconditionnel de ses amis Borhane Ben Houria, Wajdi Guaïdi, Yasser Jradi, Mohamed Bhar ainsi que de celui de tous les membres du club des cinéastes amateurs et bien sûr les bénévoles, Marouen Meddeb a pu organiser cette session. «On a créé notre festival sans fard ni fanfare, avec seulement un grand rêve et des moyens modestes. On voulait créer l’événement à notre manière». La réclame s’est faite «à dos d’âne». Les artistes entassés sur la charrette traversent les ruelles de la ville. Derrière eux, des acrobates jouant de leurs corps comme des rubans sinusoïdaux. «Chaque soir, on partait ainsi à la conquête du public. Et l’on tient à ramener le plus grand nombre possible de spectateurs à la plage, située à quelques kilomètres de la ville». L’écran géant “made in Hammam-Ghezaz”» a été monté en face de ce public assis à même le sol. Un hommage au réalisateur africain Osmane Sembène, ensuite16 films et 13 courts métrages de l’Unica y sont projetés. Chaque soir, on alterne musique, cinéma, théâtre, exposition et table ronde. Il suffit de peu de chose… «Tous les artistes, de différentes disciplines, se sont pliés en quatre pour donner le meilleur d’eux-mêmes. Ils ont cru à notre noble cause. Et c’est ça l’essentiel!», ajoute encore Marouen Meddeb. Plusieurs artistes ont répondu présent à l’invitation de ces jeunes membres de la FTCC de Hammam-Ghezaz parce qu’ils voulaient partager avec un public inconnu la magie de l’art. Ils sont venus camper dans cette plage pour vivre en plein ce rêve doré par les grains de sable. «Il suffit de peu de chose pour réaliser les grands événements », explique l’organisateur. Il fait de cette phrase une devise à laquelle il croit fermement. Marouen Meddeb est un amoureux fou du 7e art. Il a réalisé, en 1999, son premier court-métrage Légende de plumes qui recevra une mention spéciale du jury lors du Festival international du film amateur de Kélibia... Son film, il l’a mis en boîte en empruntant une caméra au club des cinéastes amateurs de Tunis. Il a acheté ensuite une baguette et trois portions de fromage et est parti, en compagnie d’un pote, à son paradis, Hammam-Ghezaz, filmer quelque part, sur une colline. La mer et le sable avaient pour lui une signification particulière. Il savait que cet endroit est propice à la création. Il savait que la plage de Hammam-Ghezaz pourrait être le coin idéal pour la concrétisation d’un grand festival dédié aux arts. Et aujourd’hui, il est heureux parce qu’il se rapproche un peu plus de son rêve. Héla HAZGUI
La Presse Magazine

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